Quarante-et-unième Promotion du CNESSS

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Mythes et controverses sur les origines du sida.

vendredi 10 février 2006, par Jean-Pierre Vélicitat

Il y a quelques mois ou plus, sur une chaîne de télé française (la cinq ou Arte, je crois) a été diffusé un documentaire sur les origines du SIDA. Selon ce film, des médecins auraient testé sur une grande échelle des vaccins contre la poliomyélite. Cela s’est passé en Afrique dans les années 50 au Congo belge. Les essais ont eu lieu sur plusieurs milliers de personnes à partir de cultures faites sur des cadavres de singes. Les singes sont porteurs d’un type de virus qui aurait muté chez l’homme au cours de ces essais thérapeutiques.

Avec près de 40 millions de contaminations répertoriées à travers le monde en 2003, le SIDA est la pandémie la plus dévastatrice de ces 20 dernières années. Si le 20ième siècle l’a vu naître, le 21ième siècle verra certainement son apogée. Mais le mystère a toujours plané sur les origines de cette maladie. La communauté scientifique n’est unanime que sur 2 points : le virus du SIDA, le VIH (Virus d’Immunodéficience Humaine), est apparu en Afrique. Le VIH est une mutation du VIS (Virus d’Immunodéficience Simienne) présent chez le chimpanzé, mutation qui s’est produite lors de la transmission du singe à l’homme. C’est justement sur le mode de transmission que portent toutes les controverses concernant les origines du SIDA, d’autant que son apparition soudaine laisse une large place aux soupçons sur une manipulation humaine. Plusieurs scientifiques s’affrontent autour de 2 théories depuis le diagnostic de la maladie dans les années 80 : celle du transfert naturel et celle du vaccin contre la polio.

La théorie du transfert naturel, dite théorie du « chasseur » a été émise en 1999 et c’est la plus largement acceptée et défendue par la communauté scientifique. Selon cette théorie l’apparition du VIH serait le fait d’un chasseur blessé qui se serait contaminé avec le sang d’un chimpanzé qu’il aurait capturé ou alors il aurait été mordu par un chimpanzé. La théorie du chasseur a connu plusieurs avatars, du plus grotesque (les Africains auraient contracté le VIH en mangeant du singe, chose qu’ils font depuis des siècles et qui ne peut en aucun cas expliquer l’apparition brusque de la maladie), au plus infamant (les Africains auraient contracté le VIH en forniquant avec des singes). La seconde théorie est celle de la transmission via la vaccination orale contre la poliomyélite. En effet, les vaccins contre la polio sont fabriqués à partir de reins de singes. Celui que le Dr Hilary KOPROWSKI met au point en 1957 a été fabriqué à partir de reins de chimpanzés, et a été administré à un million d’Africains au Congo belge entre 1957 et 1960, aux endroits mêmes où, une décennie plus tard, on détecte les premiers cas de sida dans le monde. Et c’est l’hypothèse qui dérange. Face à cette dernière théorie, le petit univers de la grande Science préfère la dénégation : difficile d’admettre que la médecine ait pu, en combattant une maladie, créer un fléau bien pire encore.

A la recherche de vaccin et de gloire.

Dans les années 50, les Etats-Unis sont en guerre contre la polio, ce fléau qui attaque les enfants. C’est le début d’une course au vaccin entre les plus grands scientifiques de l’époque : Jonas SALK, Albert SABIN et Hilary KOPROWSKI. La compétition sur le terrain américain est alors largement dominée par les docteurs SALK et SABIN. Durant l’été 1955, le Dr Hilary KOPROWSKI et Ghislain COURTOIS, virologue et directeur du laboratoire médical de Stanleyville au Congo belge (actuelle région de Kisangani en RDC), se rencontrent lors d’un colloque au Kenya et décident de créer un camp d’élevage de chimpanzés pour faire officiellement des recherches sur l’hépatite et la polio. En mai 1956, ils obtiennent l’aval du roi des Belges de se servir des populations du Congo Belge comme cobayes pour tester leurs vaccins. Le Camp d’expérimentation de Lindi est ouvert à Stanleyville. En janvier 1957, plus de 200 chimpanzés sont déjà arrivés au Camp Lindi. La même année Hilary KOPROWSKI arrive pour la première fois au Camp et dès le mois de mars, débutent les premières vaccinations de 4 228 personnes avec le vaccin oral expérimental « CHAT » de Hilary KOPROWSKI à Stanleyville. Le 1er octobre 1957 le nouveau laboratoire médical de Stanleyville est inauguré en présence de Hilary KOPROWSKI, Ghislain COURTOIS et toute l’équipe des médecins belges. Ce laboratoire est immense et possède la technologie de pointe de l’époque. Les cultures de tissus extraits de reins de chimpanzés et la mise au point des vaccins seront effectuées directement dans le laboratoire. Deux ans et demi après l’ouverture du camp, Gilbert ROLLAIS, le chasseur officiel du camp et son équipe de Pygmées ramènent le 401 chimpanzé au Camp Lindi. Du 24 février au 10 avril 1958, en l’espace de six semaines, 215 504 personnes sont vaccinées avec le vaccin « CHAT 10A11 » dans la vallée de la Ruzizi, à la frontière entre le Congo belge, le Rwanda et le Burundi.

En novembre 1958, l’OMS désapprouve les campagnes de vaccinations de masse menées par Hilary KOPROWSKI au Congo belge. En 1959 : Dans le cadre de leurs recherches, Joseph VANDEPITTE et Arno MOTULSKY font le tour du Congo belge et collectent 2000 échantillons de sang humain. En 1985, le chercheur André NAHMIAS découvrira que l’un de ces échantillons est positif au VIH. En juin 1960, c’est l’Indépendance du Congo belge. La situation politique entraîne la fermeture du Camp Lindi dans lequel il reste 50 chimpanzés. Au total, un million de personnes ont reçu le vaccin expérimental. Comme le confirmeront des témoins de l’époque interviewés par les journalistes Edwar HOOPER dans sont ouvrage THE RIVER, Catherine PEIX et Peter CHAPELL* dans leur documentaire AUX ORIGINES DU SIDA, ces campagnes de vaccination étaient obligatoires.

Une science sans éthique. En 1992, le virologue Tom CURTIS est le premier scientifique à mettre en cause les campagnes de vaccination antipolio menées par Hilary KOPROWSKI au Congo belge, dans l’apparition du VIH. Mais c’est en 2000, après la publication d’une étude indiquant que la République démocratique du Congo est l’épicentre de la pandémie du Sida, et surtout suite à la première conférence sur les origines du sida à Londres, conférence durant laquelle le journaliste anglais Edward HOOPER présente sa théorie aux plus éminents spécialistes sur le sujet, que la théorie du vaccin polio va s’étoffer. Dans son livre The River, A Journey to the Source of HIV and AIDS (La Rivière : retour aux sources du VIH et du sida), le britannique Edward HOOPER démontre sur plus de 1 000 pages que l’épidémie de sida est le résultat d’interventions médicales en Afrique durant les années 50, plus spécifiquement l’administration de plus de un million de doses d’un vaccin oral expérimental contre la poliomyélite. Un grand nombre de lots de ce vaccin auraient été fabriqués à l’aide de cultures cellulaires provenant de reins de singes, possiblement contaminés par le VIS. Ancien journaliste de la BBC, Edward HOOPER a effectué dix années de recherche, pendant lesquelles il a réalisé plus de 600 interviews à travers le monde et analysé plus de 4 000 textes. L’auteur a retracé, entre autres, des données inédites, à partir desquelles il a constaté que les cartes de localisation des premières vaccinations contre la polio étaient étonnamment similaires à celles de l’émergence des premières traces du VIH (le plus ancien exemplaire du VIH connu à ce jour a été recueilli chez un Africain de Léopoldville en 1959). Fait troublant, tous les cas connus de VIH recensés en Afrique avant 1981 sont apparus à l’intérieur d’un rayon de 160 kilomètres des villes ayant fait l’objet des premières campagnes de vaccination antipolio, entre 1957 et 1960.

Les preuves et théories exposées par HOOPER devant la Royal Society de Londres seront rejetées par l’ensemble de la communauté scientifique qui fera bloc derrière l’éminent et très respecté Docteur Hilary KOPROWSKI, qui dit avoir « perdu » toute documentation permettant de prouver l’espèce de singe qu’il a utilisée. Il nie purement et simplement avoir utilisé des chimpanzés, alors que photographies, films du Camp de Lindi ainsi que témoignages d’anciens collaborateurs belges et de témoins autochtones vivant sur le camp à l’époque montrent et disent tout le contraire. « C’est chez le chimpanzé que l’on trouve le précurseur immédiat du VIH. Tout le monde est d’accord là dessus. On peut discuter sur la question du quand, du pourquoi, du comment, mais tout le monde s’entend sur le chimpanzé. Quand ? Je pense que l’on peut dire qu’il y a unanimité sur le XXe siècle. Où ? Pour les humains, l’épicentre se situe clairement au nord-est du Zaïre et en Ouganda. C’est de là qu’est partie l’épidémie ». Simon WAIN HOBSON, virologue, responsable du laboratoire de rétrovirologie moléculaire à l’Institut Pasteur.

Face à la théorie du vaccin polio qui dérange, la communauté scientifique énonce plusieurs objections :

1/ Le sida serait apparu chez l’homme en 1930, avec une marge d’erreur de plus ou moins 20 ans (calcul de Bette KORBER au laboratoire national de Los Alamos aux Etats-Unis en 1999). Mais depuis, d’autres travaux scientifiques remettent en cause le mode de calcul et la capacité même à calculer mathématiquement la date d’apparition du SIDA chez l’homme.

2/ Les analyses des échantillons du vaccin anti-polio sont négatives. Suite à la conférence sur les origines du sida à la Royal Society de Londres, des échantillons du vaccin ont été testés. Les résultats publiés au printemps 2001 dans les revues scientifiques Science et Nature, montrent qu’ils ne contiennent ni VIS, ni VIH, ni cellules de chimpanzés. Mais selon Robin WEISS, co-organisateur de la conférence, les échantillons testés ne sont pas ceux qui ont été utilisés au Congo belge à la fin des années 50.

3/ Suite à leurs études, Martine PEETERS puis Béatrice HAHN affirment que les chimpanzés porteurs de l’ancêtre du VIH viennent du Gabon. Mais aucune étude n’a été réalisée dans l’ancienne zone de capture des chimpanzés du Camp Lindi, au Congo, en raison de la situation politique du pays. Pourtant, aux des dires des chasseurs du Camp de Lindi , la raréfaction des chimpanzés suite à leurs campagnes de chasse, les a poussé à étendre progressivement leur zone de chasse au-delà des frontières du Congo Belge.

4/ Le virus n’aurait pas pu survivre dans le vaccin anti-polio puisqu’il aurait été tué dans le processus de fabrication. Mais on sait que des virus simiens, comme le SV40, ont survécu dans les vaccins anti-polio et ont ainsi été transmis aux hommes. Pourquoi pas le VIH ?


Mais il semble qu’au vu de ces accusations, le monde scientifique tienne à ce que les origines du SIDA restent un mystère. « C’est là l’hypothèse (la théorie du vaccin anti-polio) la plus haïe du monde médical. Il y a de grandes résistances à publier quoi que ce soit ainsi qu’à vérifier les pièces à convictions disponibles. » Docteur Bill HAMILTON L’Afrique cobaye de l’Occident. L’infection de populations africaines par les apprentis sorciers et les compagnies pharmaceutiques occidentaux, agissant sous le couvert de l’humanitaire ne concerne pas uniquement le SIDA. D’après les termes du Docteur Albert SCHWEITZER, prix nobel de la paix : « les cancers en Afrique étaient apparus 5 ans après les premières campagnes de vaccinations. »

Aujourd’hui les populations africaines continuent à servir de cobayes aux scientifiques et laboratoires de tout poil, comme le montre l’expérimentation du VIREAD au Cameroun, et cela sans qu’aucun pouvoir public ne s’en inquiète.

Sources :

- * AUX ORIGINES DU SIDA. Documentaire, dont la diffusion sur France 2 dans la magazine CONTRE-COURANT le soir du Sidaction 2004 a créé une vive polémique. Réalisé par Peter Chappell et Catherine Peix. Produit par MFP. Coproduit par Les Productions Galafilm, Les Films de la Passerelle, Pathé Archives et Produce


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